La question de l’être gitan et du faire gitan ( Berriac, près de Carcassonne) a toujours été au centre de mes travaux aussi bien en linguistique qu’en anthropologie. La présente recherche est ainsi née des précédentes sur l’identité gitane et sur l’identité gitane féminine, traitées à travers le rapport au langage oral, plus particulièrement l’étude du registre familier et à travers les pratiques d’écriture des jeunes filles gitanes. La question qui courait depuis le début de mes recherches de la construction d’une identité gitane s’est imposée à moi comme s’est imposée la nécessité de la penser dans le triangle Payous (non-gitans)/Tsiganes/Gitans. L’objectif de cette approche étant de montrer comment les Gitans construisent leurs identités, comment ils les utilisent et en jouent. J’ai donc choisi de mettre en lumière les stratégies identitaires gitanes ainsi que les modalités du changement à Berriac. L’important étant de montrer l’existence et le fonctionnement d’un processus unique, partagé par tous mais qui va avec une grande diversité à l’intérieur d’une même culture. D’un coté comme de l’autre nous retrouvons des représentations stéréotypées dont les acteurs jouent plus ou moins consciemment. C’est cette interconnaissance qui permet aux Gitans de se définir eux mêmes en tant que Gitans en se démarquant des Payous, mais en faisant tout pour ne pas paraître « trop gitan » dans leurs contacts avec eux. Ce qui conduit à bien des excès qui contribuent à les marquer toujours et partout comme étant Gitans. Ce dont ils savent jouer suivant les circonstances pour en tirer profit. Les Gitans savent dire et faire, en toutes circonstances, ce qui « les » différencie.