Une reconnaissance et une protection internationnale

Lors de sa trente-deuxième session réunie à Paris en octobre 2003, la Conférence générale de l’Unesco adopte la  Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, un texte de consensus issu de longs débats d’experts (2001-2002) et de négociations entre les États membres (2002-2003). Sa ratification en janvier 2006 par un trentième État permet l’entrée en vigueur de cet instrument normatif et juridiquement contraignant, qui institue au niveau international une nouvelle catégorie de patrimoine.

 

Mais l’origine de ce texte est bien plus ancienne. Celui-ci répondait à la nécessité de redéfinir la notion de patrimoine pour intégrer les formes d’expression culturelles qui n’entrent pas dans le champ de la Convention dite du patrimoine mondial, adoptée par l’Unesco un peu plus de trente ans auparavant. De fait, les expressions relevant du patrimoine culturel immatériel ou PCI (on parle alors de folklore, de traditions ou de cultures populaires) ne sont pas couvertes par la convention de 1972, les aspects juridiques de la propriété intellectuelle collective n’ayant pas été résolus. Dès lors les initiatives, principalement des pays du Sud, vont se succéder afin d’assurer à ces expressions une forme de reconnaissance internationale et de protection.

 

En effet, le succès rencontré par la convention de 1972 (190 États parties) va renforcer l’identification du patrimoine à ses manifestations matérielles et notamment monumentales, dont témoigne la surreprésentation des pays du Nord sur la liste du patrimoine mondial : près de la moitié (48 %) des sites classés sont situés en Europe et en Amérique du Nord. Un tel déséquilibre entre les six grandes régions du monde qui fondent le système des Nations Unies engendre au sein de ce dernier une torsion géopolitique que visent à résorber le nouveau texte et les mécanismes internationaux instaurés par celui-ci.

Selon l’article 2 de la Convention de 2003, le patrimoine culturel immatériel (PCI) comprend « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel ». Ce patrimoine vivant, transmis de génération en génération, « est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité ». Loin d’être figé, il est donc à la fois traditionnel et contemporain.

 

Ce patrimoine immatériel se manifeste notamment dans les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, ainsi que les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel (article 2). Il peut s’agir, par exemple, de musiques, de chants et de danses, de jeux et de contes, de fêtes, de techniques, de remèdes, etc.

 

La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été ratifiée par 166 États (au 20 janvier 2106), dont la France en 2006.
L’objectif central de la Convention est la sauvegarde du PCI. Le terme de sauvegarde désigne un ensemble de mesures formant une chaîne de traitement patrimonial, afin d’assurer la viabilité effective du PCI :

– identification et recensement
- documentation, étude et recherche
- protection
- transmission par l’éducation formelle et non formelle
- valorisation
- revitalisation.

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